Mon groupe sanguin est A (péritif)[Alessya]

“La solitude est la tristesse du coeur”

Dans ce bar, je ne pensais pas ce soir trouvé de la compagnie que je connaissais déjà! À la limite, je pensais croiser des gens plutôt banals du coin ou bien une inconnue, sans plus. Certes, c'était la sublime Alyssa que j'avais retrouvée. C'était toute qu'une surprise d'apprendre qu'elle s'était installée ici, dans mon patlin, alors que je l'avais connu dans la grande métropole qu'était New-York. Dans tous les cas, nous échangions et faisions des blagues. C'était agréable, ça me changeait bien les idées et ça me permettait de me détendre alors que j'en avais besoin. J'étais sous tension et pression avec ma famille et sous les nerfs avec la petite. Elle était, bien sûr, dans sa phase critique du nom. J'avais bien une nounou, une nounou qui l'affectionnait et qui était découragé bien souvent de mon ménage et mon comportement avec l'alcool. Jamais je ne buvais devant la petite, jamais je ne ramenais des inconnus à la maison, jamais je ne ramenais du travail, mais je m'éclipsais souvent dû à mon travail, dû aux tournées, maintenant: dû à ma peine... Ma solitude. Je m'isolais encore plus, j'avais arrêté le travail, j'essayais de tenir la famille en place, sans succès et sans réelle motivation. À quoi bon? Mon frère Wayan faisait des siennes et les parents se repliaient sur eux-mêmes. Néanmoins, nous étions tous de même tous présents les uns les autres, plusieurs fois semaine, ne serait-ce que par message... Au moins!

Finalement, je plaisantai avec Alyssa. Elle me répondit, amusée et toujours aussi souriante, donc jolie, que c'était une bonne question. Elle avait raison, nous étions célibataires....  Je lui dis un clin d'oeil. Ainsi, je lui avait demandé ce qu'elle prendrait. Elle souhaitait une vodka jus d'orange. Je hochai la tête en guise d'enregistrement. Le prochain coup, elle s'offrait pour le payer. Je souris. Je ne pouvais rien lui refusé, me dis-je. J'aimais bien offrir l'alcool aux demoiselles, comme à mes amis aussi. C'était mon truc.

Le barman s'exécuta. Elle vivait seule, entendis-je. Au nord de la ville. Je lui répondis : Je vis seul.... au centre-ville. N'osant pas trop parler de ma petite. L'air songeur, cela devait se voir que j'était pensif. Je ne savais pas trop si je voulais et pouvais me confier sur l'existence de mon tendre trésor, à une relation qui n'était pas durable, finalement. C'était du luxe, du plaisir entre nous, rien de plus. Sans rien de mal et sans regrets, mais... Elle proposa que j'aille visiter, si je voulais. Recevant nos boissons devant nous : Avec plaisir, quand tu voudras. Tu as toujours mon numéro et moi le tiens, non?

“La solitude est la tristesse du coeur”

En réalité, Alessya avait peur du noir. Pas n'importe quel noir, celui qui habitait les entrailles de son corps, qui ouvrait le creux qu'elle avait au niveau du coeur et qui ne faisait que l'avaler pour le faire grandir encore et encore. Elle crèverait pour de l'affection. Simplement pour se sentir exister dans le regard d'un autre. Simplement pour écouter les battements de son coeur malade s'activer. Au moins pour une seule fois, avant de retomber dans le silence morbide que lui amenait la solitude, cet être qui ne la quittait jamais. Et pourtant, elle avait tout. Une vie confortable, des parents, des amis. Mais elle n'avait personne qui pouvait l'écouter quand ses yeux brûlaient sous l'afflux des larmes. Elle n'avait personne qui l'attendait le soir quand elle rentrait dans son appartement vide et froid. Il avait beau être cossu, il n'en restait pas moins lugubre sans présence humaine.

Alessya n'avait pas envie de le laisser partir, peut-être même qu'elle voulait l'inviter chez elle, juste pour se tenir chaud et exister ensemble le temps d'une soirée. Elle ne savait pas grand chose sur lui, peut-être qu'il était attendu chez lui, peut-être pas, mais comme il était célibataire et qu'il vivait seul comme la blonde, cela lui donnait déjà pas mal d'informations.

L'alcool coulant à flot dans les veines, elle se sentait plus sûre d'elle, plus spontanée et surtout plus joueuse.

-Est-ce que ça te dirait de venir chez moi, ce soir ? Pour terminer la soirée en beauté.

Comme au bon vieux temps, quand ils terminaient tous les deux dans des draps défaits et les souffles coupés.  

“La solitude est la tristesse du coeur”

J'étais dans un gouffre, par chance il n'était pas financier ni par rapport à ma propre santé ni celle de ma fille. J'étais un homme, quoiqu'indépendant et séducteur, seul et monoparental. J'avais échoué, mon rêve d'une grande famille avec une épouse et de voyages était gâché. Ma propre famille et mon propre rang était fébrile. J'avais perdu un frère. Par chance, j'arrivais à avoir un refuge, l'alcool! Parfois encore les femmes. Peu de gens savaient pour mon frère, peu de gens savaient que j'avais une fille. Pas même mes collègues au sens large. Seulement les gens proches de moi et de l'ordre du formel et législatif. J'étais distant, cachottier, méfiant et orgueilleux dans tout! 

J'échangeais, plusieurs verres de déjà entamés avec Alessya. J'aimais bien sa présence et bien que je n'avais pas d'attentes pour la soirée, l'idée de passer encore et davantage de temps avec elle, le temps de cette soirée me plaisait bien. C'était un scénario fort agréable et enviable.  

-Est-ce que ça te dirait de venir chez moi, ce soir ? Pour terminer la soirée en beauté.  me demanda-t-elle. Je souris, amusé et acquiesçant presque d'un regard. Avec plaisir, fis-je en lui lançant un clin d'oeil. En plus elle me proposait d'aller chez elle. Je terminai mon verre et lui demandai : Tu veux qu'on prenne un taxis, je l'offres, si tu veux. C'était bien la moindre des choses. Bien que ça ne me dérange pas de marcher. C'est comme elle le désirait. Ça allait être une soirée comme à l'époque, une époque pour laquelle j'étais nostalgique. Mon frère était encore en vie. J'étais toujours dans la force de l'âge, mais j'étais également plus ambitieux côté femmes et carrière. Je m'occupais encore de ma fille comme il se devait et je ne sombrais pas comme aujourd'hui dans l'alcool. Ces exemples, c'était peu dire!